Au-delà du Prout et plus loin… (29)

 

L’éventaire de Yalta

 

     …On n’a pas fini à visiter le palais de Livadia. Je me suis retrouvé dans “italianskii dvorik” (n.a. petite cour  italienne), un carré d’environ un millier de mètres carrés, avec d’allées précisément dessinées, formées de gravillons blancs, gardées de cyprès, de palmiers et de haies vivantes,  hautes jusqu’aux genous. Tout autour de la cour étaient disposées d’arcades blanches, soutenues par des colonnes sveltes, derrière lesquelles il y avait de terrasses couvertes, d’environ six mètres de large, avec de dalles en grès  blanc. De place en place, près des murs, les visiteurs pouvaient se reposer sur de bancs de marbre blanc. Je me suis assis sur l’un d’eux. À côte de moi, l’universitare Kiévien Taras Hryvntchouk, devenu sentimental:

     – Quand je pense que sur ce banc peut – être s’est assis et  Roosevelt, le chef de la délégation américaine dans la période tant il a été hébergé dans ce palais!

     – Peu probable. Même maintenant, j’ai dans la mémoire une photo du temps de la Cnférence de Yalta, dans laquelle Roosevelt était assis dans un fauteuil, comme dépourvu de force, en étant encadré par Churchill et Staline.

     – La Conférence de Yalta a suivi après la Conférence de Téhéran, tenue entre le 28 novembre et le 1er décembre 1943, où ont participé les mêmes protagonistes. Dans la capitale iranienne on a décidé les détails de la finalisation de la guerre, quand se contourait déjà la victoire des Alliés après le jour mémorable du 2 février 1943, c’est à dire après qu’à Stalingrad a capitulé l’armée allemande, dirigée par le maréchal Friedrich Paulus, et après un autre jour déterminant, ce du 8 novembre 1942, c’est à dire après que les troupes américaines ont débarqué en Afrique, à Kenitra, près de Rabat.

     – Ce débarquement historique a été suivi par la Conférence à Casablanca, dans la période entre le 14 et le 23 janvier 1943, à laquelle Staline a été absent, j’ai continué.

    – Vous m’avez dit que vous avez travaillé pendant plusieurs années dans un institut à Casablanca. Vous avez sûrement visité le palais – musée, dans lequel s’est tenue la fameuse conférence.

    – La conférence s’est tenue à l’hôtel Anfa, qui, pour des raisons obscures, a été démoli dans les années ’50.

   – C’est dommage! Je aurais voulu aller à Casablanca, au moins pour visiter ce lieu mémorable. Revenons à la Conférence de Yalta. Ici a a été discuté l’organisation mondiale après la conclusion de la paix, qui se préfigurait avec certitude.

    – Staline a négocié en position de force, comme si l’armée rouge aurait été à moins de 100 kilomètres de Berlin.

    – Quelle négociation, monsieur Ciucescu? Il a été une négociation d’éventaire, on a marchandisé comme au bazar!

    – Roosevelt, affaibli par la maladie, a fortement souhaité l’ouverture par les Soviétiques d’un front anti-japonais en Extrême – Orient et la création des Nations Unies, en laissant Staline, en compensation, de dessiner,  dise – t – on, avec un crayon de charpentier la nouvelle carte de l’Europe Centrale et de l’Est.

    – La Conférence de Yalta a eu six points: 1) l’organisation du monde; 2) la déclaration de l’Europe liberée; 3) la division de l’Allemagne; 4) la zone d’occupation de la France; 5) le Danemark 6) la Pologne.

   – Le point sur ​​l’Europe libérée garantait le droit de chaque pays de choisir sa propre forme de gouvernement. En fait, les tanks soviétiques ont affecté le sort des 130 millions d’Européens qui se sont trouvéa entrés par la force dans la zone d’influence de l’impérialisme soviétique.

   – La Roumanie est sortie de la guerre comme pays vaincu, bien que le 23 Août, 1944 vous avez immédiatement arrêté Antonescu et changé de camp contre l’Allemagne.

   – Antonescu s’est réveillé trop tard, quand tout le monde voyait déjà la défaite de l’Allemagne. Il a essayé de prendre contact avec les Alliés par des émissaires envoyés à Ankara, Stockholm et d’autres destinations, mais la réponse a été stéréotypée: “Entrez en contact avec les Russes.”

    – Une des conséquences de la Conférence de Yalta a été la construction le 13 août 1961 du mur de Berlin, qui a été détruit dans la semaine qui suit le 9 novembre 1989.

   – “Berliner Mauer” (n.a. le mur de Berlin) a entraîné une diminution particulièrement importante de ce que les Allemands ont appelé “republik flucht” (n.a fuite en dehors de la république); statistiquement, le nombre de ceux qui sont passé de Berlin de l’Est à Berlin de l’Ouest a été réduit d’un total de 2.500.000 à seulement 5.000.

    – Comment se fait que vous êtes tellement bien informé, monsieur Ciucescu?

   – Parce que dans septembre 1969 j’ai traversé le mur de Berlin de l’ouest à l’est, à travers le point de passage “Alexander Platz”. Je venais de Suède, où j’avais été envoyé par l’Institut Polytechnique de Bucarest pour faire une pratique de production dans l’Aciérie d’Avesta. Avec l’argent gagné là – bas, j’ai acheté un billet d’avion Malmö, Copenhague, Hambourg, Berlin – Ouest. Après le passage à Berlin-Est, j’ai continué la route vers la Roumanie par le train Balt-Orient-Express.

    – Vous avez eu l’occasion d’échapper de jeune de la zone – comme vous l’avez dit tout à l’heure – de l’impérialisme soviétique, imposée après la Conférence de Yalta, mais vous n’avez pas profité. Regrettez – vous ou non?

     – La chance a été nommée la Conférence de Malte, entre Bush – senior et Gorbatchev, tenue entre les 2 et 3 décembre 1989, quand, secrètement, on a établi d’autres zones d’influence et pour la Roumanie a été ouverte la voie vers l’Union Européenne, j’ai évité une réponse directe.

    Je sortais du palais de Livadia, en passant en hâte à côté de palmiers, de cyprès, de sapins canadiens, de cèdres bleus, d’arbres séquoia géant,  de témoins silencieux de la Conférence de Yalta, mais la dernière question de l’universitaire kiévien restait encore dans mon esprit.

Doru Ciucescu

 

Le texte fait parti du volume en cours de traduction

“Au-delà du Prout et plus loin… ”

(La traduction du roumain et l’adaptation sont réalisées par l’auteur lui-même)