La Grèce du capricieux enamouré, Zeus (7)

Le sanctuaire d’Athèna Pronaïa à Delphes

 

     L’autocar descendait vers Delphes. On quitait abbatus les hauteurs du Mont Parnasse – la demeure des musées. Au loin, beaucoup plus bas,  de vautours planaient dans de larges cercles. J’ai jeté en arrière un dernier regard et j’ai vu les trois colonnes élancées de la rotonde du sanctuaire d’Athéna Pronaïa.

     Pour éviter de regarder les abysses “parnassiens” sur les bords de la route, j’ai décidé de poser les yeux sur un livre. Je suis tombé sur “Aventures solitaires”, où Octavian Paler semblait être la bonne personne… au bon moment: “Il serait difficile pour moi de dire ce que j’attende de revoir à Delphes. Le mystère qui a amené, dans les anciens jours, les vagues des pèlerins à entendre Pythias s’est eteint sur les roches envahies par les mauvaises herbes. Sur les cimes du Parnasse, les muses ont laissé la place aux chèvres. Même la crevasse d’où sortaient  les vapeurs hallucinantes on ne le voit plus. Si jamais elle a existé. On va à Troy, pas pour voir «ce qui est», mais d’imaginer «ce qui a été». Si on est capable de croire, on est chanceux. Tout ressemble comme la grotte par qui Dante aurait pu entrer dans l’enfer. Personne ne l’a trouvé. On doit prendre de bonne la mensonge de Dante. Sinon, à quoi ça sert de lire «la Divine Comédie»”.

    …J’ai changé “Aventures solitaires” avec le guide touristique “Delphes * monuments et musées”, écrit par Fotios Petsas, ancien directeur du Musée de Delphes – comme est indiqué sur la couverture. Je l’ai acheté dans un kiosque près de l’aire de stationnement. Comme ça je fais chaque fois que je vais à de nouveaux endroits: j’achete avec passion de guides, de cartes postales, de dépliants, en fin, à peu près tout ce que je trouve intéressant pour la documentation touristique. Quand j’ai été en Israël, j’ai dépensé à cet effet plus d’une centaine d’euros, et pour la Grèce j’ai  préparé un budget similaire.  L’implication dans l’écriture de jurnaux de voyage a ses frais! J’ai cherché sur le chapitre intitulé “Sanctuaire d’Athéna Pronaïa”. Je regardais le schéma de soi-disant “Megaron” (bâtiment) et j’ai perçu les éléments suivants de conception: 1 et 2 – les trésors archaïques en forme de temple; 3 – le deuxième  temple d’Athéna Pronaïa; 4 – le trésor dorique; 5 – le trésor ionique, 6 – la “tholos” (rotonde) 7 – le troisième temple d’Athéna Pronaïa; 8 – la maison des prêtres. J’ai essayé, en regardant sur “ce qui est”, d’imaginer “ce qui a été”. L’omniprésent monsieur  Piochlecescu est venu pour m’aider:

    – Ici, sur les lieux des constructions 4 et 5 on a trouvé des traces d’un grand temple dédié à la déesse Athéna, peut-être le premier, construit vers l’an 650 avant Jésus-Christ. La position 3 du  schéma est le deuxième  temple dédié à Athéna, construit autour de 500 avant Jésus-Christ. Pour la fondation ont été utilisés les colonnes du premier temple, duquel on a gardé une douzaine de chapitaux doriques. Le site archéologique contient tellement de marbre que les Grecs l’appelent “Marmaria”. Ce temple a été détruit par un tremblement de terre en 373 avant avant Jésus- Christ. Immédiatement on a construit  le troisième temple, celui de la position 7 sur le schéma du Sanctuaire d’Athéna Pronaïa.

     Il y avait une court période de silence, comme pour permettre l’assimilation de l’avalanche de nouvelles informations. Le professeur Piochlecescu avait, en effet, une mémoire d’un super doué. Sophistoc Blanchenuit a été le premier qui a osé briser le silence:

    – Dans le guide est écrit que le deuxième  temple d’Athéna Pronaïa avait à l’intérieur une longueur 27,45 mètres et une largeur de 13,25 mètres, et le troisième était un peu plus petit: une longueur de 22,60 mètres et une largeur de 11,55 mètres. Peut-on considérer ces temples comme grandieuses?

    – Non, les Grecs ont construit de temples beaucoup plus grands. La restriction  dimensionnelle est due à la morphologie du demeure: terrain escarpé.

   – Vous avez raison, monsieur le professeur. Faire un temple plus grand signifie la dislocation d’une quantité supplémentaire de roche pour réaliser le nivellement, et puis il n’y avait aucun marteau pneumatique ni de la dynamite. J’ai une question: d’où vient le nom d’Athéna Pronaïa?

    – En grec “naos” signifie “temple” et la préposition “pro” signifie “en avant”. Ainsi, “Athèna Pronaïa” se traduit “Athèna de devant du temple”. Peut-être, devant les temples il y avait  une statue de la déesse Athéna.

    …L’autocar a été transformée en une sorte de balançoire, juste bonne pour dormir. Le jeune Sophistoc s’est approché de moi. Il a tenu à clarifier ensemble, la position 6 – “Tholos” – du sanctuaire d’Athéna Pronaïa. Alors, en regardant la photo de la Rotonde, j’ai réalisé que par les trois colonnes restaurées de 20, comme ont été en total, la rotonde est l’édifice le plus visible et le plus distinct de tous les vestiges archéologiques de la zone. Je me suis tourné instinctivement pour la revoir, même si je savais qu’elle était partie d’une longue période de mon champ visuel. Sophistoc a commencé à traduire, à voix basse, certains passages du guide: “La Rotonde dure depuis la décennie 380-390 avant Jésus-Christ  (…) Elle est attribuée à l’architecte Théodoros de Focia (…) Le diamètre était de 13,50 mètres. Les métopes…”. Métopes? Que-ce que sont les métopes?

     – Elles sont les éléments d’un temple entre les triglyphes et décorées de bas-reliefs.

    – “Les métopes étaient décorées de scènes de batailles des Grecs avec les Amazones.” Amazones? Que-ce que sont les Amazones? Elles sont, en quelque sorte, les femmes du fleuve Amazone?

   – Les Amazones dans la mythologie grecque, étaient des femmes guerrières qui vivaient sur ​​la rive asiatique de la mer Noire. Elles ont coupé leurs seins pour manipuler plus facilement l’arc, d’où le nom.

     – Comment, donc?

    – En grec, “a” signifie “sans” et “mazos” – “sein”!

    – Les Amazones gaucheres ont coupé leur sein gauche. La passion pour la guerre exige de sacrifices, mais des sacrifice un peu trop grands…

 

Doru Ciucescu

 

Le texte fait parti du volume en cours de traduction

“La Grèce du capricieux enamouré, Zeus”

(La traduction du roumain et l’adaptation sont réalisées par l’auteur lui-même)