Les mangeuses de rouge à lèvres de Casablanca (86) – Un giaour palestinien

     Au cours des huit années tant que j’ai accordé assistance didactique en Algérie et au Maroc, j’ai entendu parler de moi, plus ou moins en chuchotant, que je suis un… “ghaouri”, c’est à dire un non-musulman, un terme mentionné dans les dictionnaires roumain – roumain dans une forme déformée: giaour, avec l’explication qu’il est “un mot de mépris appliqué par les Turcs dans le passé aux autres que de la religion musulmane”. Cette épithète ne me dérangais pas à l’idée que, sur les cinq milliards de personnes qui ont été recensés dans la dernière décennie du deuxième millénaire, je faisais partie du groupe majoritaire d’environ quatre milliards de… giaours: chrétiens, mosaïques, hindous, confucéiens etc, dont beaucoup sont des descendants des Bédouins des pays du Golfe.

     J’ai eu l’occasion à connaître à l’église grecque à Casablanca de nombreux Arabes qui adoraient Dieu – le Père et Christ – le Fils, c’est à dire ils étaient de… giaours. L’un d’eux nommé Ghauri (n.a. Nonmusulman) Philistini (n.a. Palestinien), un jeune homme de taille moyenne, grassouillet, avec un teint blanc, qui se distinguait à la première vue par la calvitie précoce, le nez aquilin et des yeux noirs, pénétrants, “peseurs”, comme des commerçants avec experience. Je l’ai rencontré sur les courts de tennis à Casablanca, où j’ai entendu la conversation avec plusieurs personnes en arabe, anglais et français. Il avait ce l’air supérieur, de l’homme sans le souci pour le jour de demain, qui a erré dans le monde en long et en traverse, duquel on peut apprendre beaucoup de choses… encyclopédiques, présentées dans une succession… kaléidoscopiques.

Il est arrivé un soir de Mai de l’an 2000 que j’assiste à un coucher de soleil rouge et grand comme une roue de chariot dans le bleue d’encre de l’océan Atlantique, dans la compagnie de Philistini, que je l’ai rencontrés tout à fait par hasard sur la terrasse d’un des cafés de la  station station balnéo –  climatique Aïn Diab. Nous, les deux, contemplions le phénomène céleste en plein essor, temps dans lequel nous sirotions  en rares intervalles d’un verre le thé chaud à la menthe.

– À cette heure – là, le soleil est au-dessus des têtes des Américains de Caroline du Nord, de l’autre rivage de l’océan Atlantique, mon compagnon a rompu le silence.

– Avez-vous été là, j’ai tréssailli avec une question.

– Oui, j’étais aux États-Unis chez de parents à Orlando, une belle ville de la Floride, où s’est formé une importante communauté de musulmans.

– Oh ! Vous avez déjà voyagé beaucoup  à votre âge, je me suis écrié.

– J’ai voyagé plutôt poussé par les circonstances, comme tout Palestinien. Je suis né – et Philistini a fait une pause pour mieux attirer mon attention et pour savourer l’effet de ses paroles sur moi – à… Bethléem.

– Oh! C’est l’explication que vous êtes chrétien, j’ai essayé une blague.

– Pas nécessairement. À Bethléem sont nés beaucoup de mosaïque, de chrétiens et de musulmans. Même Christ a eu une mère juive, qui, plus tard s’est convertie au christianisme En fait, l’histoire de ma famille est si compliqué que certaines périodes ne sont pas claires et je ne me réfère pas à la nuit des temps, mais aux arrière – arrière – arrière – arrière grands – parents les miens.

– Je voudrais que vous me disiez une partie de cette histoire, si possible, j’ai prié Philistini, en prenant soin de commander encore deux verres de thé.

– Euh… je ne sais pas par où commencer. Dans la deuxième moitié du XIXème siècle, mes ancêtres, les Arabes, vivaient à Jérusalem . Sur l’insistance des abbés de monastères qui ont fleuri comme des champignons dans la région pendant et après les croisades, ils se sont convertis un après l’autre, pour l’argent, à la religion catholique, protestante, orthodoxe grecque et même… orthodoxe russe. Pour cette raison, le tribu de Bédouins de mes ancêtres on pris le nom de Ghauri, c’est-à-dire non – musulmans.

– Oh! De cette conversion religieuse a mentionné Dimitrie Bolintineanu, un écrivain roumain, qui a visité la région en 1853, j’ai eu un bon moment de remembrance.

– Oui, comme ça il était le temps. Mes ancêtres étaient de Bédouins pauvres et s’engageaient pour différents travaux aux  monastères, en particulier pour la protection des caravanes avec de pèlerins qui faisaient le trajet  Jérusalem, Nazareth, Bethléem, la rivière Jourdain. Doucement, doucement, aux insistances, comme je disait,  “sonnantes”, d’abbés de monastères, le tribu de mes ancêtres a quitté l’islam pour le christianisme. Puis, un de mes ancêtres a épousé une riche Juive, fuie de la Russie tsariste en Palestine. Parce que les combats entre les Juifs et les Arabes s’intensifiaient, ils se sont enfuis en Egypte, en s’arrêtant à Alexandrie, qui était une ville beaucoup plus calme, avec de nombreux consulats. En outre, en raison des guerres entre les Russes et les Turcs, ils ont caché leur origine en partie russe et ont acheté de passeports de la Roumanie, votre pays, du consul honorifique d’Alexandrie, qui, en fait, était un Juif qui jamais n’a mis le pied en Europe.

– Très intéressant, continuez, j’ai prié Philistini, en prenant soin de l’inviter à commencer le rituel  de siroter le deuxième verre de thé à la menthe.

– Ulterieurement, mes ancêtres se sont  grandement enrichis, en faisant du commerce maritime en Egypte jusqu’en 1952, quand le roi Farouk I a été détrôné. Alors quelques-uns de mes parents, y compris mon père et ma mère,  ont fui vers les États – Unis et d’autres, y compris mes parents, se sont retournés aux lieux ancetraux en Israël, en s’nstallant à Bethléem. Là  je suis né et mes frères aussi. Après la guerre, appelée de “six jours” de 1967 avec l’Egypte, mes parents ont fui aux États-Unis, et mes frères se sont établis au Brésil, au Canada, en France, en l’Afrique du Sud. J’ai choisi le Maroc, où je m’occupe avec d’affaires immobilières. Je construis des bâtiments pour d’appartements de luxe ou  pour bureaux finis à 95 pour cent, lequels je les laisse comme ça pour ne pas payer l’impôt sur eux et j’attends un acheteur. Le gain est presque le double de l’investissement .

– Comment on peut arriver à une cessation des hostilités en Israël, en étant donné que vous connaissez très bien les problèmes là-bas?

– Moi, en qualité de chrétien, et de bon connaisseur du Coran et du Talmud, je considère qu’il est nécessaire que les trois religions qui coexistent en Israël soient  réformées: a) dogmatique: a.1) d’abandonner l’idée de la supériorité d’une religion à l’autre; a.2) de renoncer à prêcher que par la lutte pour la religion on peut devenir un martyr et entrer dans le paradis; b) administratif: b.1) l’accès à des lieux de culte pour tout le monde, indépendamment de la religion; b.2) l’institution dans ‘un domaine spécifique de Jérusalem d’un État ​​clérical des trois religions, appelé Canaan, l’ancien nom de la Palestine, sur le modèle du Vatican à Rome. Comme ça va venir le jour quand  vous aurez le droit de visiter à Jérusalem la mosquée “El Aqsa” (n.a. VIIIème siècle).

– Pour saisir ce jour, je pense que je devrais vivre autant que… Mathusalem, le patriarche biblique, j’ai exprimé ma grande doute.

– On ne sait jamais. Jusqu’à là préparez… l’argent du voyage, au moins pour visiter… l’Eglise du Saint-Sépulcre (n.a. IVème siècle), aussi à Jérusalem, m’a encouragé Philistini.

 

 

Doru Ciucescu

 

Le texte fait parti du volume en cours de traduction

“Les mangeuses de rouge à lèvres de Casablanca”

(La traduction du roumain et l’adaptation sont réalisées par l’auteur lui-même)